Rapport

Résumé du rapport de stage de Pascale METAIS : Le diagnostic agronomique réalisé sur La Hourre fut conduit à deux échelles : celle de l’ensemble de l’exploitation y compris les zones non cultivées (systèmes de culture) et celle de la parcelle agricole.

Diagnostic à l’échelle de l’exploitation

  • les rendements des cultures sont satisfaisants en comparaison avec les moyennes nationales
  • pour les deux types de rotation (vallée et coteaux) les périodes en sol nu sont importantes, et représentent quasiment un tiers du temps
  • les teneurs en matière organique ont peu évolué en 10 ans présentant des valeurs comprises entre 1,6 et 2,9%, avec une petite baisse de la teneur en azote organique.
  • Les cultures de céréales à paille présentent de fortes carences en azote. L’étude a permis de quantifier les quantités d’azotes disponibles après différents précédents, montrant que les féveroles permettent de fournir de l’ordre de 95 unités d’azote/ha à l’automne pour la culture suivante, contre 63 kg d’azote/ha pour les sojas (cf. graphe ci-contre).
  • Les teneurs en phosphore soluble des sols tendent à baisser, mais les indicateurs de nutrition phosphatée montrent que les cultures ne sont pas carencées
  • La caractérisation des habitats semi-naturels a mis en évidence l’existence d’un réseau continu de haies et d’arbres. L’exploitation de La Hourre compte à ce jour : 4 670 m de haies, 3 280 m de bandes enherbées et 1 860 m de lisière boisée soit un total de 9,8 km d’habitats linéaires correspondant à 4,9 ha. S’y ajoute une zone humide ainsi qu’une jachère présentant une biodiversité élevée représentant de l’ordre de 5 ha. Ainsi la ferme de La Hourre présente quasiment 10 ha d’habitats semi-naturels soit 18 % de sa surface (hors zone de bois situé en haut du domaine).

Diagnostic à l’échelle des parcelles

L’étude des différents indicateurs : production, indice de nutrition azoté et phosphaté, teneur en matière organique, réserve utile, teneur en phosphore, adventices a permis de classer l’ensemble des parcelles en trois catégories (cf. carte en annexe 2) :

  • Les parcelles profondes à bonne réserve utile permettant la mise en place du soja en sec, mais avec une forte carence azotée pour les céréales, et une augmentation de la pression des adventices sur la rotation courte
  • Les parcelles de coteaux à faible teneur en matière organique et présentant également des carence en azote sur céréales
  • Les parcelles à risques érosifs permettant d’étudier la limitation (ou l’abandon) du labour en axant les techniques de l’agroécologie sur la gestion des adventices.

Ce diagnostic a permis de réaliser diverses propositions d’aménagements afin d’améliorer la productivité et la durabilité du système de culture :

Aménagements au niveau de l’exploitation

  • Modification du découpage parcellaire : deux des parcelles de coteaux (LH6A1 et A2) présentent à la fois un versant sud et un versant nord ayant des délais de ressuyage différents perturbant la réalisation des semis. Ces parcelles seront découpées différemment afin d’obtenir une parcelle de versant nord et une autre de versant sud (LH6A-N et LH6A-S). Une autre parcelle de coteau (LH6B) à bonne réserve hydrique sur sa partie basse sera redécoupée (LH6B-N et LH6B-S) ce qui permet d’allonger la rotation courte d’un an tout en maintenant la présence de soja chaque année.
  • Aménagements des habitats semi-naturels : l’étude préalable a apportée des informations sur l’intégration d’agroforesterie. Les différents spécialistes rencontrés laissent penser que l’intégration d’arbres au sein des parcelles présente un risque de concurrence avec la culture de par la présence d’horizons mollassiques ne permettant pas aux arbres de faire descendre leurs racines en profondeurs. Il semble plus opportun d’implanter des haies supplémentaires sur le domaine, en réalisant un choix des espèces sur des critères de périodes de floraison afin de permettre aux auxiliaires des cultures de s’alimenter au mieux sur toute l’année. L’intégration de bandes d’arbres est intéressante dans un objectif de lutte contre l’érosion sur des parcelles pentues, via la création de terrasses (parcelle LH4). Enfin la mise en place de bande fleurie sur les parties exposées au sud devrait permettre de compléter l’offre en nectar pour les auxiliaires.

Aménagements au niveau de la rotation des parcelles :

  • Parcelles profondes de la rotation de vallée, avec carence en azote des cultures : allongement de la rotation par la présence d’une nouvelle parcelle (LH6B-S) ce qui devrait permettre de mieux gérer les problèmes de salissement actuels. Intégration d’une nouvelle culture de légumineuse (féverole) pour d’améliorer la nutrition azotée de la céréale suivante. Intégration de cultures intermédiaires 2 années sur 3 pour améliorer le taux de matière organique.
  • Parcelles de coteaux avec teneur en matière organique à améliorer et avec carence en azote des cultures : les rotations seront allongés et intégrerons dès que c’est possible des cultures intermédiaires afin d’améliorer la nutrition azotée et d’augmenter les restitutions de biomasses permettant d’augmenter la teneur en matière organique.
  • Parcelles à risques érosifs : sur la parcelle la plus pentue (LH4) mise en place de bandes d’arbres positionnées perpendiculairement à la pente (espacement 25 m) pour limiter l’érosion, couplées avec la limitation du labour (possibilité d’utiliser ponctuellement le labour pour gérer les graminées adventices). Intégration de cultures associées (céréales + protéagineux) reconnues pour être compétitives sur les adventices. Intégration de cultures intermédiaires pour étudier leurs effets de biocontrôle sur les adventices.